Décarbonation de l’industrie lourde : enjeux et stratégies pour un secteur énergivore

Pierre de la Mogette

Emissions de vapeur et de CO2 par une usine, une pollution réduite par la décarbonation de l'industrie lourde.

La métallurgie, la sidérurgie, la production de ciment, la verrerie, la chimie, la papeterie… l’industrie lourde représente 75 % des émissions de CO2 dans l’ensemble du secteur industriel. Présentant des enjeux économiques et écologiques importants, ce secteur doit impérativement se transformer pour atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre fixés par la Stratégie nationale Bas Carbone.

Découvrez comment et pourquoi cette décarbonation est en marche et quelles sont les difficultés auxquelles font face les acteurs impliqués.

Le poids de l’industrie lourde dans les émissions de CO2

Selon Sandra Bertholom, associée senior chez Kéa’s Industry division, le secteur de l’industrie lourde influe grandement sur l’économie nationale, étant donné que ses activités nourrissent des secteurs stratégiques tels que la défense, l’armement et l’automobile.

Cependant, l’énergie représentant entre 15 et 30% des coûts de production dans l’industrie lourde, il s’agit également d’un secteur énergivore par excellence. La question de la réduction de la consommation d’énergie n’est pas nouvelle puisqu’elle a diminué de 40% depuis les années 90, mais semble stagner, voire se renverser depuis quelques années.

Pollution dans une zone industrielle

Les leviers pour une décarbonation réussie

Selon Sandra Bertholom, il existe quatre leviers principaux pour réduire les émissions de CO2 au sein de l’industrie lourde : améliorer l’efficacité énergétique, innover dans les procédés industriels, capturer et stocker le carbone, et développer de nouveaux modèles économiques sobres et circulaires. L’utilisation d’énergies décarbonées telles que l’hydrogène, la biomasse ou encore l’électrification des procédés industriels est une option à privilégier, à condition que l’électricité utilisée soit elle-même provenant de sources 100% décarbonées.

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Aurélie Brunstein, du Réseau Action Climat, souligne également l’importance de diminuer la quantité de matières premières utilisées dans la fabrication des produits finaux. Par exemple, développer des produits à faibles émissions de carbone dans l’industrie du ciment ou substituer le charbon par de l’électricité dans la production de l’acier.

Le rôle de l’économie circulaire

L’une des solutions pour transformer l’industrie lourde est de s’appuyer sur les principes de l’économie circulaire : améliorer la collecte et le tri des déchets, déployer des solutions de recyclage et de réemploi des matériaux secondaires, et mettre en place une véritable chaîne de valeur au sein de l’industrie elle-même.

Marie Verdier, spécialiste des matières premières et de la chimie, explique que ce modèle fait sens, aussi bien d’un point de vue économique qu’écologique : « Intuitivement, économiquement, écologiquement, l’économie circulaire a du sens parce que nous aurons moins de ressources, mais aussi elles seront plus difficiles à extraire et transformer. » Pour en savoir davantage sur les différentes initiatives mises en place dans l’industrie lourde, visitez industriel.net.

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Rendre utopie réalité

Toutefois, cette transformation n’est pas sans défis : construire un écosystème impliquant l’ensemble des acteurs de la chaîne d’approvisionnement demande du temps et des investissements importants. De plus, pour réussir cette transformation, il est crucial de repenser la façon dont les produits sont conçus et de viser la durabilité dès leur conception.

Hoffman Green Cement, une initiative réussie dans l’écosystème industriel vendéen

La cimenterie Hoffman Green Cement Technologies, située près de la Roche-sur-Yon, représente une avancée majeure dans la décarbonation de l’industrie lourde, avec une production annuelle de 50 000 tonnes.

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Elle se distingue par une méthode de production écologique qui élimine la nécessité de cuisson, utilisant des matériaux recyclés comme le laitier, l’argile flashée, et le désulfogypse, ce qui permet de réduire les émissions de CO2 à 188 kg par tonne de ciment, contre 859 kg pour les méthodes traditionnelles.

Ce ciment écologique trouve sa place sur le marché en béton préfabriqué, prêt à l’emploi et en sacs, malgré un coût initial plus élevé (40 €/m3 contre 20 €/m3 pour le traditionnel). Néanmoins, sur le total d’un projet de construction, le surcoût induit par l’utilisation de ce ciment innovant reste faible, augmentant le coût total de construction d’à peine 3%, un défi pour sa compétitivité sans des politiques de marché adaptées.

 

La décarbonation de l’industrie lourde demeure un objectif ambitieux, nécessitant l’implication et la collaboration de tous les acteurs concernés. Les efforts réalisés jusqu’à présent sont encourageants, mais il reste encore du chemin à parcourir pour atteindre les objectifs de réduction des émissions fixés par la Stratégie nationale Bas Carbone.

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Source : Consultor – Industrie lourde et développement durable : des engagements (im)possibles à tenir ? 

Pierre de la Mogette